Blog de Xaintrie Ramonage

Blog de la Sté Xaintrie Ramonage, conseils sur l'utilisation de vos cheminées et poêles.

Un peu de terminologie

Y'a une chose dont il faut qu'on parle : la terminologie.

Ça fait plusieurs articles que je commence, ils sont d'ailleurs toujours dans les brouillons, et à chaque fois, je me dit "il manque un truc avant de continuer".

En effet, comment parler d'une distance de sécurité avec tel ou tel élément si vous ne savez pas de quoi il s'agit.

Voyez donc ce billet comme un pré-requis aux suivants. En effet, il sera nécessaire que vous compreniez de quoi je parle quand je vais dire : "un conduit de fumées", par exemple, ou encore "un tubage"

Oui, car figurez vous que c'est pas si évident que ça.

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Alors je pense que la première chose à définir, c'est l'appareil.

L'appareil, c'est le générateur de chaleur : votre poêle ou votre insert. Cela va sans dire, mais cela va mieux en le disant. Inutile de s'attarder ici.

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Ensuite, nous entrons dans le vif du sujet : le conduit de fumées.

C'est incontestablement l'ouvrage qui est le plus important en fumisterie. Pour résumer, il débute dans la pièce dans laquelle se trouve l'appareil et va jusqu'à l'extérieur.

Il peut avoir une certaine forme, une certaine géométrie, une certaine isolation, une certaine hauteur, fait d'inox, d'acier galvanisé, de ciment, de terre cuite ... Autant de propriétés qui peuvent modifier son comportement vis à vis des fumées.

Un conduit de fumées doit répondre aux exigences de la norme NF DTU 24.1.

Il peut être conforme ou non conforme à ces exigences. La conformité aux exigences de cette norme n'est pas la seule condition pour être utilisable : il doit aussi être compatible avec l'appareil.

Là, c'est le travail du fumiste de vous informer et de vous proposer une solution qui rassemble non seulement la conformité à la norme mais aussi la compatibilité avec votre appareil.

La compatibilité avec l'appareil peut être de plusieurs ordres : résistance aux condensats, à la corrosion, isolation, hauteur, résistance aux feux de cheminées ...

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L'entre deux : le conduit de raccordement.

C'est le conduit, rigide, souvent en acier emaillé ou peint, qui part de la buse de l'appareil avant de rejoindre le conduit de fumées.

On a déjà évoqué cette partie dans le Tip Fumisterie #1 concernant le sens d'emboitement des éléments.

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Et le tubage ?

C'est un tuyau, rigide ou flexible, qui se trouve DANS le conduit de fumées. Il permet d'en modifier certaines caractéristiques : diametre, resistance à la consensation, par exemple.

Un tubage n'a rien a faire ailleurs que dans un conduit de fumées.

Notez bien, on parle bien d'un tubage, le verbe pour désigner le fait d'installer un tubage, c'est tuber. Les termes "gaine", "gainage", "gainé" et consorts ne doivent pas être utilisés. Non seulement ils sont issus d'abus de langage et même si en linguistique, l'usage fait la norme, dans notre cas, la gaine désigne déjà un autre élément en fumisterie (il ne sera pas abordé ici) et cela peut créer une confusion.

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Tubage isolé :

C'est un tubage, comme au dessus, mais recouvert d'une couche d'isolant non combustible, évidemment (généralement une laine de roche ou une laine minérale), maintenue par un grillage type "grillage à poules".

Puisqu'il s'agit d'un tubage, il doit aussi être dans un conduit de fumées.

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Conduit double paroi isolé.

Il ne s'agit pas là d'un tubage mais bien d'un conduit de fumées. C'est aujourd'hui le type de conduit le plus installé.

Il peut être flexible ou rigide.

Dans sa version flexible, il ressemble beaucoup au tubage isolé mais à l'extérieur du conduit, en lieu et place du grillage, on retrouve une autre paroi flexible.

Dans sa version rigide, on retrouve la même conception mais avec des parois rigides.

Comme il s'agit d'un conduit de fumées, il peut être installé seul mais il doit en revanche être protégé des risques de brûlures et des risques de chocs. Il faut donc réaliser un coffrage autour du conduit dans les zones habitables qu'il traverse.

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Je pense que nous avons balayé ici pas mal de termes qu'on peut retrouver en fumisterie courante. Ils seront utiles dans un prochain articles ou seront abordées les fameuses distances de sécurité avec les matériaux combustibles.

En entendant, profitez bien de votre chauffage au bois, les températures commencent à baisser !

2 weeks ago

Le bois c'est polluant (précisions)

Je voudrais bien ajouter quelques petites précisions à mes propos d'hier.

Le fait que le bois soit neutre en carbone ne signifie pas qu'il ne pollue pas et j'ai fait un raccourci un peu rapide en comparant impact carbone et pollution.

Il existe d'autres types de pollution, notamment celle aux particules fines.

Ce qui m'amène donc à vous parler d'un type d'installation : le foyer ouvert.

Tout d'abord, c'est une installation au rendement très mauvais : 15% en moyenne.

C'est à dire que 85% du pouvoir calorifique de votre buche sera destiné aux oiseaux.

Ensuite, et selon l'ADEME, bruler 4 bûches dans un foyer ouvert émet autant de particules fines que l'équivalent de 3 100kms en diesel avec un moteur des années 1990.

Ces particules fines sont en suspension dans l'air qu'on respire et affectent directement nos voies respiratoires.

Donc mes propos d'hier sont bel et bien valables pour les appareils dits "Flamme verte 7 étoiles" ou/et répondant à la norme "EcoDesign 2022".

Ces labels assurent un rendement minimum mais aussi que le taux de particules fines rejeté est inférieur à un seuil défini. Cela permettra à chacun d'utiliser au mieux ce mode de chauffage en préservant vos poumons et vos forêts.

5 months ago

Le bois c'est polluant ? (Spoiler alert : Non !)

Tout d'abord, un peu de chimie.

La combustion, c'est une réaction chimique qui se produit entre un comburant et un combustible sous l'effet de la chaleur.

Dans notre cas, le comburant c'est l'oxygène, le combustible c'est le bois.

Le bois contient principalement du carbone. La réaction chimique entre l'oxygène et le carbone provoque :

  • soit du CO (monoxyde de carbone) si l'apport en air est insuffisant
  • soit du CO2 (dioxyde de carbone) si l'apport d'air est suffisant ou excédentaire.

Mais si l'un est mauvais pour la santé, l'autre est mauvais pour le réchauffement climatique n'est ce pas ?

OUI ... mais non.

En ce qui concerne le CO :

OUI ! Il est mauvais pour la santé. Une combustion avec un apport d'air insuffisant provoque le dégagement de CO, il est toxique, même à très faible dose, inodore, incolore, et même si il est évacué par votre conduit de fumées, les dégats causés par une combustion en manque d'air peuvent être d'un autre ordre : bouchon de bistre, condensation ... Donc la doctrine est simple : PAS DE COMBUSTION SANS UN APPORT D'AIR SUFFISANT !

En ce qui concerne le CO2  :

Tout d'abord, avant de mourir, l'arbre prélève du CO2 dans l'atmosphère. Il se nourrit du carbone et rejette de l'oxygène par un phénomène appelé photosynthèse.

Lorsque tout ou partie de l'arbre est mort, des résidus végétaux se déposent au sol et se décomposent. Lors de cette décomposition, c'est le phénomène inverse qui se produit. Le même phénomène que lorsque nous brûlons du bois.

Sur un cycle complet de vie, le bilan de la combustion du bois est donc nul : le CO2 est prélevé dans l’atmosphère pour ensuite lui être restitué par la combustion du bois mort. En effet, si l’Homme n’avait pas brûlé ce bois, il se serait décomposé naturellement et aurait de toute manière libéré la même quantité de CO2 dans l’atmosphère. L’impact en termes d’émission de gaz à effet de serre (GES) est donc théoriquement neutre dans la mesure où le cycle de vie du bois est relativement court. On comprend dès lors tout l’intérêt de promouvoir ce type d’énergie.

Pour résumer : Oui, la combustion du bois rejette du CO2 il s'agit de la même quantité de CO2 que celui absorbé durant ce croissance. Le bilan carbone de la combustion du bois est donc neutre !

Pour aller plus loin : si on considère le rejet en CO2 de l'ensemble de la chaine, de l'arbre jusqu'au poêle : exploitation forestière, bûcheronnage, transport, fabrication des granulés (pour le granulé, évidemment) ... le bilan n'est pas totalement neutre. Cependant, en comparaison de la quantité d'énergie stockée dans le bois (env. 1 600 à 1 700kWh/stère pour le chêne, par exemple), la quantité d'énergie non renouvelable nécessaire est marginale. Il faut cependant être attentif au bois acheté : issu d'une forêt gérée durablement, séchage naturel uniquement (pas de séchoir), ne pas utiliser de bûches densifiées ...

5 months ago

Tip fumisterie #1

Le premier tip que je voudrais partager concerne le sens d'emboîtement des conduits de raccordement.

Le conduit de raccordement c'est le tuyau qui vient s'interposer entre votre conduit de fumées (en boisseau, en acier isolé ...) et la buse de votre appareil.

Cela pourrait sembler contre intuitif mais il faut bien que les extrémités "mâle" soient montées vers le bas, et ce, afin que dans leur descente, les suies restent à l'intérieur du conduit de raccordement et ne viennent pas salir l'extérieur !

6 months ago

Quid des résineux

Et les résineux, il faut les brûler ou alors ça encrasse les conduits ?

Parlons d'abord efficacité.

Alors déjà, le pouvoir calorifique d'un résineux est de 4 124 kW/tonne, celui d'un feuillu est d'environ 3 915 kW/t.

Oui, le resineux est plus calorifique au kilo (grâce à la résine) MAIS, la densité d'un résineux est moindre. Par exemple, la densité du sapin est de 250 kG/m³ contre 450 kG/m³ pour du charme coupé en 1m.

Par conséquent, le pouvoir calorifique ramené au volume est ramené à 1 031kW/m³ pour le sapin contre 1 762kW/m³ pour le charme.

Est il moins efficace ? Non. Mais il fonctionne différemment.
Une buche de sapin va bruler bien plus vite et va faire gagner quelques degrés à votre pièce plutôt rapidement tandis que le feuillu est plus endurant. Il apportera plus de calories mais prendra du temps pour les délivrer.

Parlons économie ensuite.

Forcément, comme on achète le bois au stère, c'est moins rentable. C'est la raison pour laquelle on a vite fait de lui tailler une sale réputation au résineux.

Et l'encrassement ?

Il n'encrasse pas plus qu'un autre bois A CONDITION QU'IL SOIT BIEN SEC. Toujours en dessous des 20% d'humidité et que le feu ne tourne pas au ralenti !

Demandez à mes collègues de Scandinavie, du Canada ou plus localement, des Vosges, du Jura, du Forez ! Les conduits ne sont pas plus encrassés chez eux :-)

6 months ago

Le bois et l'eau

Cela va sans dire, mais cela va mieux en le disant : le bois doit être brûlé bien sec.

L'ADEME recommande un bois à moins de 23% d'humidité mais plus il est sec, meilleure sera la combustion.

Une stère de bois feuillu pèse environ 450kg.
Si vous brûlez 6 stères de bois à 20% d'humidité, alors, admettons le calcul suivant :
6 x 450 x 0,20 = 540
C'est donc 540 litres d'eau qui passent dans votre conduit de fumées.

Si vous voulez pas que cette eau repasse de sa forme gazeuse à la forme liquide, il faut faire carburer votre appareil.
Autrement, si elle se liquéfie, elle permettra aux résidus de s'accrocher et formera le bistre.

C'est là raison pour laquelle il ne faut pas faire tourner un poêle au ralenti !
Qui peut le plus peut le moins ? Ça ne marche pas pour un poêle !

6 months ago